Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/322

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

318
LES ÉTRANGES NOCES

ton fort enfantin : seulement, comme il parlait turc et que Rouletabille ne le comprenait pas, Rouletabille ne lui répondait pas.

Rouletabille goûtait à ces petites sucreries avec impatience et à chaque instant regardait du côté de la porte par laquelle le vieillard était entré ; mais ce fut une autre porte qui s’ouvrit : un énorme eunuque, soulevant une tapisserie, laissait passer un fantôme noir.

Quel événement prodigieux se passait-il donc pour que ce fantôme noir, qui était une femme, franchît les portes du sélamlik réservé exclusivement aux hommes, surtout dans les antiques demeures comme celle-ci, habitées par de vieux Turcs à turban vert ?

Il était impossible de voir quoi que ce fût des traits de cette femme ; elle devait avoir triple voile sous son tchartchaf funèbre dont toutes les grandes dames turques s’emmitouflent maintenant pour sortir et qui ne laisse point, comme le yalmack des anciens temps, la possibilité de découvrir au moins le front et la splendeur du regard.

Il est vrai que, le plus souvent, sous ce tchartchaf, nos modernes Turques sont vêtues à la dernière mode de Paris et avec une élégance qui vient en droite ligne de la rue de la Paix.

— Canendé hanoum ? prononça Rouletabille en s’inclinant trois fois, car il était devant une princesse qui s’était enfermée dans ce coin désert pour se con-