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Page:Leroux - Les Étranges Noces de Rouletabille, 1918.djvu/323

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DE ROULETABILLE
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soler de n’avoir point donné d’enfants à l’ex-sultan et pleurer dans le particulier un régime disparu.

Canendé hanoum, qui parlait le français comme toute femme de qualité en Turquie, lui présenta son oncle, le vieux Turc au turban vert, un ancien général de division qui avait acquis de la gloire à Plevna. Le général, d’un signe, pria le jeune homme de s’asseoir.

Rouletabille tendit un pli cacheté à la princesse. Elle y jeta simplement les yeux et dit :

— Oui, je sais. Kasbeck m’a prévenue, mais je l’attends.

Rouletabille, à ces mots, se troubla légèrement, mais surmontant vite son émotion, reprit :

— Ne vous dit-il point, dans cette lettre, que s’il n’est pas là à cinq heures, vous ne devez plus l’attendre ?…

— Oui, oui, parfaitement, monsieur : nous sommes d’accord, mais il n’est que quatre heures !…

Sur quoi elle se mit à parler au jeune homme de tout autre chose… Elle l’entretint surtout de la guerre et de l’échec que les Bulgares venaient de remporter dans leur attaque des lignes de Tchataldja. Elle en montrait une grande joie et considérait ce premier succès comme le présage d’une définitive revanche.

Rouletabille, qui connaissait les amitiés et les opinions de son hôtesse, assura que tant de catastrophes ne se seraient point produites si Abdul-Hamid était resté sur le trône.