Aller au contenu

Page:Leroux - Mister Flow.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore les larmes aux yeux que je dis à Helena : « Chère Helena, je crois que demain les choses iront bien ainsi… »

— J’en suis sûre ! réplique-t-elle…

Sur quoi, elle me prie, très gentiment, d’aller dormir chez moi, pour la décence…

J’obéis. Je veux toujours lui obéir. Cette femme est pleine d’idées. Que ferais-je au monde si je n’avais pas rencontré cette femme-là ? Elle pense à tout !… On peut la questionner, elle a réponse à tout !… Chère Helena !…

Je suis tombé sur mon lit, tout habillé. Je me suis réveillé à midi. Alors je me suis vraiment déshabillé pour connaître la fraîcheur des draps. Et j’ai dormi jusqu’à cinq heures !… C’est avec un violent mal de tête que je me retrouvai sur pied, mais, une heure après, la douche aidant, je me retrouvai en forme et dans un état d’esprit résolu à ne pas trop m’embarrasser des contingences. Le souvenir des quatre-vingts louis que je devais au barman fut loin de m’être désagréable. C’est tout juste s’il ne me remplit point d’admiration pour moi-même. Ma foi, je puis bien le dire : j’étais fier de moi !

Parti d’un si beau pas, ce fut, pour la première fois, sans trop d’effroi que j’entrevis au bout de ma route la caverne dont cette chère Helena se préparait à me faire les honneurs. Et je suis sûr que l’on me pardonnera ma pusillanimité passée en considérant les sacrifices moraux auxquels, pour rester à la hauteur des événements, je devais consentir. Ce qui se préparait n’était qu’une comédie, mais combien d’autres, si décidés qu’ils fussent à sortir