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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/141

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souvent mon bras et s’y appuyait avec le plus tendre abandon. Un moment, elle me quitta pour s’entretenir quelques minutes avec Moor, l’entraîneur, qui passait. Elle revint et me dit, à l’écart : « Moor ne m’a jamais donné que deux tuyaux et ils sont arrivés tous deux à une belle cote. Moor me fait la cour depuis longtemps, le rustre ! et il m’est reconnaissant que je ne l’aie pas renvoyé déjà à son crottin. En attendant, il m’a donné un tuyau sûr, pour dimanche. »

— Dans le Grand Prix ?

— Non !… un prix sans importance que l’on considère comme couru… Mais l’affaire est arrangée. Le favori sera tiré ; c’est ce que j’ai compris. Moor m’a dit de jouer Spada. On l’a à dix contre un. Crois-tu que c’est rageant, Rudy, de n’avoir pas un penny !

— Vous en aurez demain, Helena !

— Je vous adore, Rudy !

Soudain, j’aperçus Alcide Victor qui nous observait. Mais je fis comme si je ne l’avais pas vu, ce cher faiseur de têtes…

Le dîner, aux Ambassadeurs, fut des plus gai. Aimable société, j’étais déjà chauffé à blanc. Je fus, paraît-il, étourdissant. Et Helena me dit encore : « Je vous adore, Rudy ! »

Comme je ne savais pas danser, elle me fit la grâce de ne danser avec personne et ce n’était pas là un mince sacrifice. Nous nous retirâmes de bonne heure. Elle avait fait louer une baignoire au théâtre. C’était jour d’opéra, mais je serais bien embarrassé de vous dire lequel. Derrière les grillages