de venir ce soir, vous trouverez joyeuse compagnie…
— Tant mieux, Léonie ! répondit Helena… car je m’ennuie tant, depuis le départ de sir Archibald !…
Nous étions dans un bar des plus ordinaire et rien de particulier ne signalait Léonie, qui avait la figure fort honnête au-dessus d’une poitrine bien portante. Son petit commerce n’allait pas fort le jour, mais elle avait imaginé d’accueillir certains clients la nuit, quand tous les autres établissements étaient fermés. Un cabinet leur était réservé derrière la salle commune. À cette heure, c’est elle qui servait. Pas de domestique. Elle ne s’occupait que de vendre ses petits verres le plus cher possible. Le reste lui était complètement indifférent. C’était appréciable.
Passant au milieu des tables, sur lesquelles des tabourets étaient déjà empilés, elle nous ouvrit la porte du petit cabinet du fond où nous fûmes accueillis assez bruyamment par une demi-douzaine d’habitués, tous des hommes, qui me parurent assez mal élevés, car ils ne se levèrent point à l’arrivée de lady Skarlett, se bornant à nous faire place à côté d’eux et à nous serrer la main au-dessus de la table. Lady Helena me présentait, mais ils me connaissaient tous et j’aurais pu, si j’avais été moins préoccupé, mesurer là l’importance du personnage que je jouais à Deauville.
Ces figures ne me disaient rien encore, mais je sus, par la suite, grâce à Helena, ce qu’elles étaient et ce qu’elles cachaient. Tout cela n’était