Page:Leroux - Mister Flow.djvu/146

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pas un monde bien propre. Il y avait là le fameux Lévis, qui avait déjà tait parler de lui avec son singulier « matryscope », appareil destiné à déceler la grossesse et qui, avec le premier argent des gogos, avait fondé la « Compagnie industrielle transcontinentale »… Ce « transcontinentale » en disait long sur l’appétit du jeune homme qui était décidé à répandre son activité dans les deux hémisphères. Il était élégant, du reste, de propos énergiques, avec des yeux de Levantin, tout ce qu’il faut pour séduire.

Un autre jeune homme, que l’on appelait Démétrius, s’était spécialisé dans le « lavage » des chèques. Leurs compagnons étaient plus âgés, d’apparence plus tranquille et devaient, depuis longtemps, avoir trouvé, comme on dit, le filon pour faire fortune sans trop de risques. On les sentait à l’abri des coups du sort et ils consentaient, avec un sourire d’indulgence, à écouter les théories de ces jeunes gens qui rêvaient de bâtir des fortunes mondiales. C’étaient les sages.

M. Parent, par exemple, était tout à fait digne de respect. Il avait commencé par être petit clerc d’huissier, puis il avait fait son droit, passé ses examens, s’était fait inscrire au barreau de Paris (comme moi), s’était vite rendu compte qu’il faisait fausse route (comme moi) et s’était établi homme d’affaires. Deux pièces, rue Turbigo, mais ce n’était pas là qu’il opérait. Il était tout le temps sur les routes, n’emportant avec lui qu’une valise et son « portefeuille ». Il emportait aussi quelque chose de très lourd, mais qui ne se voyait pas : sa