Page:Leroux - Mister Flow.djvu/151

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Car j’ai déjà dit que cette femme, d’une grâce et d’une distinction royales, jurait, par instants, comme un charretier. Je n’osais l’interroger. Elle finit par me dire : « Cher, vous venez d’assister à un conseil d’administration. Ces messieurs ont fondé une société pour m’acheter mon collier et mes bijoux. Il y en a, au moins, pour une trentaine de millions. Mais ils me font valoir les petits ennuis qui les menacent. Et ils m’offrent sept tout juste. C’est à prendre ou à laisser ! »

Faut-il le dire ? Au fond, tout au fond de moi-même, j’eusse désiré, lâchement, que l’affaire ne se fît point. Je me raccrochais à cela au moment d’agir. Je commençais à trouver que sept millions, c’était bien peu pour le mal que j’allais me donner !…

— Si j’ai accepté, petit chéri darling, c’est bien pour vous !…

Je rentrai à l’hôtel les jambes cassées. Elle me poussa dans sa chambre, me fit ses dernières recommandations :

— Soyez calme, rappelez-vous bien votre petite leçon d’hier. Vous ne courez aucun risque, tous les voisins sont rentrés. Restez en tuxedo ; si l’on vous rencontre près du lavabo, personne ne s’étonnera. En vérité, je voudrais faire ce petit ouvrage. Que ne suis-je pas à votre place, Rudy ?…

Elle me glissa elle-même, dans la poche intérieure de mon pardessus, les outils nécessaires en me demandant : « Ça, c’est pourquoi faire ? And this one ?… et cet autre ?… et ça ? » Je répondis comme dans un rêve, mais à son entière