Page:Leroux - Mister Flow.djvu/157

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et déclarait qu’elle m’emmenait « faire un petit tour pour changer d’air ». Nous partîmes en auto :

— J’y pense, fit-elle, il faut que vous passiez chez vos fournisseurs. Nous dînerons à Rouen.

Elle conduisait elle-même, comme la première fois. Elle était très gaie, cela m’étonna plus que tout.

— J’ai revu Moor, l’entraîneur, vous savez ! Spad est « donné » à quinze contre un ! Une petite « boule » à faire, cher !

— Mais nous n’avons pas le sou !

— Oh ! d’ici demain !…

— J’admire votre belle confiance !

— Cher Rudy !… Il ne faut jamais désespérer du Seigneur !… Bénissons-le déjà d’avoir de quoi dîner. Victor m’a avancé cinquante louis et Mary vingt-cinq ! Voilà cinq cents francs pour vous, je vous prie !…

Et, comme je faisais un geste pour les repousser :

— Mais vous êtes bête, petit chéri darling ! N’êtes-vous pas mon gigolo ! Dont be silly ! … Allons ! cher, ne vous fâchez pas ! Je sais que vous êtes un homme d’honneur. Je ne doute pas que vous me les rendiez !…

Dans ces conditions, je voulus bien consentir à empocher le billet, mais je me sentais rougir sous la brique de Mr. Prim. Helena s’amusait bien :

— Vous savez pourquoi les deux damnés Juifs sont revenus me voir, Rudy ?…

— Ma foi ! je ne m’en doute pas…

— Pour se moquer de moi, d’abord !… Oh !