Page:Leroux - Mister Flow.djvu/195

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d’expérience qui me guidait dans le nouveau chemin de ma vie. Je pensais que j’étais incapable de faire un pas sans elle, et que j’allais choir à mon premier mouvement. Je m’étais si bien habitué à ce qu’elle prît l’initiative de mes faits et gestes que j’étais prêt à m’attendrir sur un isolement qui m’anéantissait. Mais c’était encore là des idées, et j’étais beaucoup moins sot que je ne le croyais, et qu’elle le croyait peut-être elle-même. J’allais m’en donner la preuve, et je ne puis me rappeler les événements qui suivirent sans une sorte de fierté, car, enfin, je ne suis très bien tiré d’affaires et tout seul, là où d’autres auraient infailliblement péri.

Il se peut, après tout, que je sois naturellement doué pour me débrouiller dans les difficultés inhérentes à un métier dont les circonstances m’avaient éloigné jusqu’à ce jour. Ceci expliquerait bien des choses. Par exemple, le peu de succès qui avait accompagné mes efforts d’honnête homme et la chance exceptionnelle qui accompagnait mes inavouables entreprises. En ce sens, Helena m’avait peut-être révélé à moi-même. En tout cas, je dois avouer que c’est sans amertume que j’évoque cette période mouvementée de mes vacances d’avocat, et même les souvenirs de cette journée au Havre, qui ne fut pas indigne — loin de là — de l’illustre Mister Flow lui-même.

À propos de Mister Flow, voilà ce que je lus dans les premières gazettes du jour en débarquant sur le quai de la gare : « L’Illustre Mister Flow n’est pas mort ! Sa disparition lors du naufrage du Britannic n’était qu’un dernier tour de sa façon.