Page:Leroux - Mister Flow.djvu/200

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Par-dessus tout, cette histoire du théâtre des Nouveautés leur procurait une joie sans mélange ! « Croyez-vous, pendant qu’on les cherchait dans la cité, ils étaient à « Pas sur la bouche ! » Eh bien, il ne s’en fait pas Mister Flow ! Ce qu’il m’aura fait rigoler, celui-là ! Je donnerais bien deux sous pour le connaître !… »

Et partout, c’était la même antienne. Si bien que je me surprenais à passer devant eux avec le sourire, un sourire non dépourvu d’une certaine niaiserie et d’une grande fatuité. Moi qui avais toutes les raisons de vouloir rester inaperçu, je les frôlais, comme à plaisir. J’eusse volontiers attiré les regards. Je me retenais de ne point leur crier : « Mister Flow, c’est moi ! » Mais l’on ne m’aurait pas cru ! Je me serais fait ramasser de la belle façon ! « Toi, Mister Flow, eh ! va donc, mal venu ! Monsieur a la folie des grandeurs ! »

Sur la place du Théâtre, je me dirigeai vers l’hôtel Tortoni. La dépêche disait : « On est sur ses traces ». J’avais résolu d’attendre tranquillement, dans une chambre d’hôtel, la marée du soir pour prendre le bateau de Trouville. Je me présentai à l’hôtel sans bagages et même sans paletot (j’avais jugé prudent de laisser celui-ci en consigne, car sa coupe et sa martingale avaient pu être remarquées cité Rougemont et lors de notre entrée au théâtre des Nouveautés). Je demandai une chambre que je payai d’avance en disant qu’un voiturier devait apporter mes bagages, et, barricadé chez moi, je me jetai sur le lit. Je dormis d’un sommeil de plomb. Je me réveillai vers les