Page:Leroux - Mister Flow.djvu/201

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deux heures, et je me fis monter à déjeuner, après avoir pris un bain, ce qui me remit tout à fait en équilibre.

Chose singulière. Toute inquiétude semblait m’avoir fui. Le personnage de Mister Flow m’habitait réellement, j’avais pleine confiance dans la façon dont je saurais, à tout hasard, me tirer d’affaire.

Je demandai les journaux, et je ne pus m’empêcher de goûter un certain plaisir à la lecture de mes exploits dont ils étaient pleins. Le temps ne me parut point long. Il y avait un bateau à neuf heures du soir. À huit, je descendis, la pipe au bec, résolu à faire un petit tour en ville avant de me rendre sur le quai de l’avant-port. Les vitrines s’allumaient aussi. Toutefois, je ne m’aventurai point dans la rue de Paris, qui est la plus passante et la plus surveillée. Je pris par les petites rues qui avoisinent Notre-Dame, et ainsi je gagnai la ligne des quais, m’assis tranquillement, dans l’ombre, à la terrasse d’un cabaret.

La soirée était douce et reposante, un petit vent frais venu du Nord, signe de beau temps, soufflait sur l’estuaire et promettait une agréable traversée. Je calculai qu’à dix heures j’aurais rejoint Helena au Royal. Deauville m’apparaissait comme le port de refuge où, en toute sécurité, je pourrais reprendre terre. Là-bas, Helena, c’était lady Skarlett ! et moi, j’étais l’ami de lady Skarlett, un intime de sir Archibald. J’étais un personnage important, « plein aux as ». J’y avais des camarades pour me fêter. Le célèbre reporter