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Page:Leroux - Mister Flow.djvu/206

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tenter. Mais, hélas ! mon aventure à moi n’est point un scénario de roman — lady Helena a déjà eu l’occasion de me le démontrer — et, au lieu de disparaître dans une cale où personne n’aura le mauvais esprit de me déranger, je me trouve rejeté par les circonstances et par les mouvements de la manœuvre dans un petit escalier d’acajou que je descends sur le dos pour me relever en pleine lumière dans une étroite salle à manger, dont la table luxueusement servie et garnie de fleurs n’attend plus que les convives. Six couverts ! C’est trop pour moi !… Je vais remonter, mais l’apparition d’un stewart au haut de l’escalier me fait ouvrir au plus tôt la première porte qui me tombe sous la main. Une cabine à deux couchettes superposées disparaissant sous les lingeries et les robes jetées en vrac. Des cartons à chapeaux. Derniers achats avant le départ. Impossible de se cacher là-dedans ! Une porte à droite… salle de bains, odeurs de femmes. Une dernière porte (toutes ces portes en face l’une de l’autre dans une enfilade qui longe la salle à manger), c’est le fond du sac. Une dernière cabine, grande comme la main, très simple… deux couchettes, du linge, des tabliers garnis de dentelles… Je dois être chez la femme de chambre…

Bruits de voix dans la salle à manger. Portes qui s’ouvrent, se referment. Je reste là, comme une bête traquée, mais nullement déprimé, la gueule méchante et les griffes prêtes. Cette poursuite féroce, cet cris, cette meute déchaînée m’avaient rendu comme fou. J’avais risqué un coup à me