Page:Leroux - Mister Flow.djvu/209

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nombre et souvent d’un courage à toute épreuve. Je buvais du lait.

Georgette applaudissait. Ce fut un déchaînement, et je pus croire qu’ils allaient se battre. Georgette leur jeta encore : « Vous pouvez dire tout ce que vous voudrez !… il n’est pas banal, au moins, celui-là !… (Ça, c’était pour Sam, évidemment). Et le contralto résuma : « Vous ne nous comprendrez jamais ! »

Depuis longtemps, la houle très légère, et la trépidation de l’hélice m’avaient enseigné que nous avions quitté le port. J’étais tranquille du côté de la ville. Mais avec ce vilain bonhomme de Sam, je n’en étais guère plus avancé.

Cependant, mon plan fut vite tracé. Les convives s’étaient levés et étaient remontés sur le pont. Sam et Georgette étaient restés les derniers. J’entendis Georgette dire à Sam : « Non, laisse-moi ! Tu es un mufle ! J’ai mal à la tête, je me couche ! Qu’est-ce que ça te faisait de retarder le départ ?… »

— Retarder le départ pour Mister Flow ! Vous devenez toutes folles !…

— J’aurais tant voulu le voir !…

— Mais tu sais bien qu’il s’est noyé !…

— Penses-tu !…

Et une porte claqua, la porte de la cabine dont je n’étais séparé que par la salle de bains, et j’entendis la voix irritée de Georgette : « Eh va donc ! marchand de bougies ! » En ce moment, j’étais en train d’écrire, j’avais trouvé quelques feuilles et un crayon sur une tablette. Je continuai hâtivement. Et puis je me ravisai. Georgette était