Page:Leroux - Mister Flow.djvu/216

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Georgette me donnaient la sensation d’être tombé dans un panier de pêches ! Quand j’eus fait mon dessert de cette chair savoureuse, je ne pensais plus qu’à regagner ma couchette. Mais elle me retint goulûment Elle devait se méfier de Trompette ou de moi ! Elle prenait ses précautions. Et puis, il fallait lui raconter des histoires, particulièrement mes aventures avec les femmes du monde. Elle exigeait des détails. Elle me citait des noms que j’entendais pour la première fois. Elle était tout étonnée que ces grandes dames dont on lit les noms dans les journaux ne fissent pas partie de mon sérail…

— Eh bien, tu sais, tu n’aurais qu’un signe à faire. Ce sont toutes des grues ! Et aux Indes, tu as dû en avoir des histoires !

Je lui en inventais d’extravagantes, mais rien ne l’étonnait de ma part. Je crois que je n’ai jamais autant menti que cette nuit-là.

— Tu connais le Kama-Soutra ? finit-elle par me demander.

— Mon Dieu, oui, comme tout le monde, répondis-je avec épouvante…

— Moi, je l’ai lu ! C’est tout à fait extraordinaire, et d’un précis ! Je rougissais en le lisant !…

Et ce que je redoutais arriva. Cette histoire de Kama-Soutra nous mena loin… jusqu’à trois heures du matin. Cette nuit-là, j’appris que la douceur pouvait être aussi redoutable que le gril de Saint-Laurent. Cette Georgette était une femme qui, dans les jeux les plus aimables, ne se fatiguait