Page:Leroux - Mister Flow.djvu/226

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vent même déjà tourner dans Angoulême, se demandant ce que je suis devenu.

Je quitte le directeur :

— Il faut que je retourne au télégraphe…

Cinq minutes plus tard, j’ai la satisfaction d’apercevoir mes chauffards arrêtés avec leur voiture, au milieu d’un groupe, et demandant si l’on n’a pas vu passer une auto rouge. Je m’avance :

— Une auto rouge ? Si. Elle s’est même arrêtée au coin de la place. Une auto pleine de valises et de paquets…

— C’est ça ! N. de D. ! fit l’un des chauffeurs, écumant.

— L’homme était tout en blanc, une casquette blanche…

— Mes frusques ! Ah ! le cochon ! En route !…

— Attendez ! Il demandait, je crois bien, la route de Rennes.

— Merci ! Reculez-vous, nom de Dieu ! Ah ! je vais y passer quelque chose !… Il y a longtemps ?

— Pas plus de dix minutes !…

Et ils repartirent comme des fous.

Courez après l’auto rouge, mes amis, courez après l’auto rouge. Elle vous mènera loin et longtemps. Moi, je descends à la gare et je prends un train omnibus. Pendant trente-six heures, ce que j’en ai pris des trains omnibus et des correspondances invraisemblables. Enfin, j’arrive dans un petit patelin bien tranquille, au-dessus de Caen… Du toutes les économies de la pauvre Trompette, il me reste un billet de cinquante francs !… Il n’y a pas de quoi faire la noce ! et j’ai plutôt l’air d’un