Page:Leroux - Mister Flow.djvu/233

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Mais Helena m’avait vu. J’attendais un signe qui ne vint point. Elle passa avec une indifférence si parfaite qu’elle n’eût point agi autrement si elle avait croisé un inconnu. Elle était avec une jeune femme de démarche assez singulière et que je reconnus à ses yeux bridés. C’était Mrs. Tennyson, l’ex-danseuse annamite avec laquelle nous avions dîné un soir aux Ambassadeurs. Derrière, venait un long, sec gentleman, aux cheveux blancs et aux yeux pâles vers lequel elle se retournait et avec qui elle s’entretenait en anglais. Ils disparurent derrière la dune.

— Vous connaissez ces personnes ? me demanda Clotilde.

Mon cœur battait dur. J’arrivai cependant à me faire entendre sans trop montrer mon émoi.

— J’avais cru reconnaître quelqu’un. Je me suis trompé.

— C’est la clique de Deauville ! dit Nathalie.

Et il n’en fut plus question.

Je rentrai à la Délivrande encore tout plein de ma rage. En route, je jetais tout haut des injures à Helena. Et les pires. Il ne faisait plus de doute que la noble lady avait fini de « jouer avec moa ». Maintenant, elle devait avoir passé à d’autres exercices. Je n’en demandai pas moins à l’auberge s’il n’y avait rien à mon adresse. Pas un mot.

Ah ! C’est propre le grand monde ! Voilà une femme qui a failli, il y a trois semaines, me faire jeter dans le panier à salade et elle ne se soucie pas plus de moi que de son premier soulier de bal ! Tout de même, il y a des moments où on est