Page:Leroux - Mister Flow.djvu/296

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’elle ! » Qu’en conclure de plut que cette cellule a servi jadis de prison à quelque malheureuse épouse d’un chef de clan, ou même d’un Gregor (mais je crois que la légende est plus vieille que Rob-Roy), et que la malheureuse a expié là quelque crime réel ou imaginaire contre son seigneur et époux. À sa mort, la cellule a été certainement transformée en chapelle, et le gardien n’est là que pour entretenir le feu des cierges… Cette piété pour les victimes de l’orgueil écossais cruellement traitées de leur vivant est tout à fait dans les mœurs. On en pourrait citer cent exemples ! Naturellement, on dit que l’âme de la Dame verte habite toujours la cellule. C’est ce fantôme que les paysans ont appelé « Jenny la fileuse ». Inutile de aire qu’elle souffre et qu’elle se lamente, et que ses gémissements percent les murs quand le malheur plane sur la maison…

— J’ai entendu dire, prononça Mrs Tennyson (je suis toujours étonné d’entendre sa voix, sa voix enfantine, d’une douceur de souffle, et si rare), que, dans cette chambre inaccessible, vivait un être difforme, informe plutôt. On a même raconté que ce monstre aurait une tête de grenouille…

— Voilà nos Highlands ! conclut Helena en se tournant vers moi ! Pays des légendes, du glen et des bruyères, et d’une gaîté folle… Darling, vous en savez aussi long que moi ! Parlons maintenant d’autre chose…

Elle mentait ! J’en savais moins long qu’elle, mais la nuit ne devait pas se passer sans que je fusse au courant de tout ! de tout !…

J’ai dit l’indifférence de son attitude. Elle ne