Page:Leroux - Mister Flow.djvu/297

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s’en départit point pendant toute la soirée. Aussi, quand je me retrouvai dans ma chambre, j’eus une impression de solitude et d’abandon qui m’étreignit affreusement. J’aurais été déjà enfermé dans un cachot des Black Rooks que je ne me serais pas vu plus misérable ! Et comment partir ? Je ne pouvais rien sans Helena. Comment franchir ces murs, toutes ces portes gardées… Comment me guider dans ces escaliers, dans ces couloirs étroits, dont l’enchevêtrement semblait avoir été créé pour mieux vous perdre ?… et, après, comment traverser ce pays que je ne connaissais pas ?… Et si je m’enfuyais ainsi comme un voleur, quel aveu ! Mon désastre était parfait de quelque côté que je m’essayasse de l’envisager. Je n’espérais plus qu’une chose. Je vous ai dit que je commençais à mieux connaître lady Helena. J’avais le souvenir qu’elle n’apparaissait jamais si proche de moi que lorsqu’elle semblait s’en être retirée, pour une raison ou pour une autre, soit par caprice, soit par prudence.

Au fond de mon abîme, c’était la dernière lueur, le dernier feu clignotant d’une lanterne qui s’éteignait au fur et à mesure que s’écoulaient ces minutes atroces. Et il arriva enfin que l’on frappa légèrement à ma porte : c’était encore lady Tennyson !

De nouveau, je la suivis, je croyais trouver Helena dans sa chambre. Mais elle n’y était point, et « Mina » repoussait le verrou de sa porte, d’un geste précis et nullement précipité. Elle ajoutait à ma peur, cette petite mécanique ! Qu’allait-elle faire de moi ? Pourquoi Helena n’était-elle pas là ? Mina ne me regardait même pas. Elle s’en fut à un para-