Page:Leroux - Mister Flow.djvu/57

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c’est plus fort que moi : je donne et je gagne… Et je donne encore le banco suivant, et je gagne toujours ! J’ai sept mille francs environ de bénef ! Une main à mon épaule et la vois d’Helena : « Oh ! darling ! vous, à cette table purée ! (elle dit piourée) ». Au fait elle a raison ! Je me lève, raflant mes jetons d’un geste désabusé. Pourboire princier au croupier et au changeur. Come on. « Allons dîner », me dit-elle…

Je la regarde. Un éblouissement. D’abord, tout le buste entièrement en peau, jusqu’à la pointe des seins et toute cette chair dorée sortant d’un étroit et long calice de taffetas noir brodé de strass, en arabesques étincelantes. Très simple, mais là-dessus des perles, des joyaux pour des millions. Au cou, un collier qu’il m’est impossible d’évaluer… Dix, quinze, vingt millions ? Aux oreilles, de prodigieux pendentifs d’émeraudes. Aux bras, des anneaux d’esclavage, comme Salomon n’en a peut-être pas vu à la reine de Saba.

Elle m’a pris le bras. Tout le monde nous regarde. Et des chuchotements : « C’est lady Helena ! C’est lady Helena ! mais avec qui donc est-elle ? »

Ce n’est pas moi qui vous le dirai, braves gens ! Lady Helena me présentera toujours trop ! Enfin, elle est avec quelqu’un qui a huit mille francs dans sa poche et une femme de vingt millions à son bras !

Après, on verra bien !… Je me sens prêt à crever d’orgueil. On m’envie. Ah ! si mes confrères pouvaient me voir passer !… « Renvoi après