Page:Leroux - Mister Flow.djvu/56

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Tiens ! si j’allais faire un petit tour au baccara ? La salle est justement en face… Sois sincère… tu ne penses qu’à cela ! Ton billet de mille francs te démange ! Un peu de chance, hein ? Cela ferait bien dans le paysage !… Allons ! allons ! tu dois tout tenter, ce soir ! La Fortune te pousse, vas-y donc !

J’y vais…

Cent quatre-vingts francs d’entrée, c’est chérot pour tes cinquante louis… Tristesse de fin de partie… À cette heure, tout le monde s’habille pour le dîner. Il n’y a plus que quelques enragés, quelques décavés, quelques vieilles rombières qui s’accrochent au sabot comme des naufragés au radeau de la Méduse. Je m’assieds, avec un air d’ennui parfait, à une table à trois louis le départ. Ils sont cinq là, qui défendent leur dernière pécune avec une parcimonie touchante. La main est à quinze louis et personne n’en veut. Elle passe devant moi. Je l’arrête et je donne. On m’abat huit. Ça commence bien ! Je retourne mes cartes. Neuf !…

Et deux abatages qui suivent. Je suis maître de cette piètre partie. On ne me fait plus que quelques louis… Je continue à ramasser. La table se vide. Je reste avec un banco de quarante louis sans contrepartie aucune…

Le croupier va suspendre la partie… Tout à coup, j’entends : banco ! De nouveaux arrivants, quelques femmes en grande toilette. Avant d’aller dîner, on vient faire un petit tour… En somme, j’ai passé six fois. Je devrais m’en aller. Mais,