Page:Leroux - Mister Flow.djvu/65

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décavés tout en or. Le Roi du Café a perdu trois millions. Sir John Watery en a gagné cinq dans une seule banque. Le petit José (José Ramos, courtage des rhums de Cuba), qui avait gagné six millions en trois jours, les a reperdus entre cinq et sept. Il est revenu se refaire après dîner. La caisse lui a avancé, sur sa signature, deux millions. Il a essayé un dernier tapage. On a consenti à lui avancer encore cinq cent mille à la condition qu’il trouverait un endosseur. Il l’a trouvé. Avec ces cinq cent mille, il a refait ses six millions, puis il les a reperdus, plus les cinq cent mille, naturellement. Et maintenant, il est au bar, où on ne lui fera pas crédit d’un sandwich, car nul n’ignore que le petit José est très au-dessous de ses affaires.

J’entends tout cela, en regardant la partie. J’ai des bavards dans le dos, dont un me crache dans le cou. Je m’essuie, stoïque. La conversation est intéressante. Ce sont deux bijoutiers qui se renseignent. La situation des joueurs leur donne des indications sérieuses pour leurs opérations du lendemain. Sur la table, ce sont des centaines de mille francs que la palette du croupier étale avant de payer, entre chaque coup. Il semble qu’il n’y ait qu’à se baisser pour en prendre. Le banquier a une déveine folle. C’est Z…, le Grec milliardaire.

J’ignore ce que je peux bien avoir dans mes poches, mais j’ai dans la main trois plaques de dix mille qui me brûlent. Et impossible d’approcher !

Enfin, je parviens à me glisser et à les jeter sur la table. Je gagne, laisse porter et je ramène cent vingt mille. Puis, je ne risque plus que deux pla-