Page:Leroux - Mister Flow.djvu/64

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minute où rien ne me résiste. L’habit d’un millionnaire me donne toutes les chances et toutes les audaces

Heures brûlantes ! Le vent de folie de la grande semaine commence à souffler ce soir et soulève dans son tourbillon les grands papiers bleus et les lourdes plaques. Les femmes, dans les toilettes qui les dénudent, n’ont plus un sourire pour les hommes. Un restant de coquetterie, pas même… un geste impulsif — l’habitude — pour se poudrer devant la petite glace, se passer le bâton de rouge sur les lèvres entre deux bancos… À la grande table du chemin de fer, les plaques de dix mille, empilées devant les joueurs, disparaissent ici, reparaissent là, comptées et recomptées par les femmes — fortune éphémère, tandis que ces messieurs, fumant des cigares énormes, affectent de jouer pour le seul plaisir de remplir les cagnottes.

La voix du croupier qui répète : « Deux mille louis au banco ! » — Banco !

C’est la voix d’Helena. Elle perd et je vois Sa Jeune Grâce le duc de Wister jeter les quarante mille francs au croupier comme il donnerait un shilling à un pauvre… Alors, ils ne se quittent plus ? Et Lawrence, oublié ? Nous allons voir !…

Non ! Non ! ce ne sera pas pour rien que j’aurai mis ce soir le cent unième visage de l’illustre Mister Flow et revêtu le smoking, pardon : le tuxedo de sir Archibald ! Et maintenant, le « Privé ». La banque est fameuse. Déjà on cite des chiffres. La caisse a avancé dix millions à ces