Page:Leroux - Mister Flow.djvu/85

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Et c’est avec un acharnement sadique que je dépèce mon aventure ! Je lui en sers tous les morceaux saignants, chapitre par chapitre. Auteur Durin. Du beau travail. Un bel engrenage. Et je ne connais pas la fin !…

Elle rit ! Elle rit !

— Oh ! this Durin ! this Durin !

Singulière mentalité ! Elle ne voit dans mon histoire qu’une farce parfaitement réussie. Le côté tragique de l’aventure lui échappe tout à fait. Se rend-elle compte de la situation inextricable où je me trouve ? Des risques que je cours ? De l’accusation de complicité à laquelle je ne pourrais échapper si le Parquet apprenait jamais dans quelles conditions j’ai rendu les plus singuliers services à mon client ? Conçoit-elle qu’il suffit d’un mot de Durin pour que je sombre à jamais ? et que me voilà, par cela même, sa chose, pour le temps qu’il voudra ?… pour le temps qu’il lui plaira ? Non ! rien de tout ceci ne saurait l’intéresser. Une bonne farce ! Il en adviendra ce que les Dieux voudront ! Elle aura bien ri… « This Durin ! »

Ce Durin lui a envoyé une poupée pour ses vacances, pour qu’elle s’ennuie moins de lui, peut-être, pendant qu’on le garde au frais dans sa cellule. Elle va habiller sa poupée !… Nous avons passé trois heures à Rouen. Elle m’a conduit où elle a voulu, chez le tailleur, chez le chausseur, chez le chemisier, dans dix magasins. Elle n’était jamais contente. Rien n’était trop beau. Je n’avais rien à dire. C’est elle qui commandait, discutait, essayait. Elle me tournait, me retournait… me fai-