Page:Leroux - Mister Flow.djvu/88

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les onguents et les fards semblaient avoir été inventés pour la parure de cette icône rayonnant le Désir. Elle voulut avoir ma tête sur son épaule et elle menait notre émoi lascif à quatre-vingt-dix à l’heure…

M’aime-t-elle vraiment ? J’ai tout pour le croire.

Arrivés au palace, son impatience attendit qu’elle ait fait réapparaître, sous les éponges, mon vrai visage : « C’est celui que j’aime, seul, celui-là ! » Et, quand nous fûmes un peu calmés, ce furent encore ses mains, tremblantes de luxure, qui me refirent les joues brûlées de gin de cet insupportable Mr. Prim !

Si je ne me trompe, cette comédie qui a commencé à l’amuser finit par l’exaspérer autant que moi. Je veux savoir. Elle me renvoie sans répondre : « Allez, vous habiller ! Revenez me chercher à neuf heures et la demie. Et surtout, ne jouez plus ! Allons, dépêchez-vous. Look sharp ! Voici dix minutes que le duc attend dans le salon ! Now, ne me regardez pas ainsi ! Le duc s’en va : il m’apporte ses hommages d’adieu. J’ai refusé de l’accompagner sur son yacht. Je tiens à ma réputation et je n’aime pas le duc, non, en vérité !…

Mary me fait passer par une porte de service. Une demi-heure plus tard, je suis au casino et je joue. Et j’en sors sans un sou. Plus rien des soixante-dix mille de la veille. Ça n’a pas duré un quart d’heure ! et j’ai joué prudemment, ne faisant les bancos qu’au coup de trois. Je suis tombé sur un jour où tous les coups de trois réussissent pour le donneur… Eh ! bien ! je n’avais pas pensé