Page:Leroux - Mister Flow.djvu/89

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qu’une pareille chose fût possible. J’avais encore trouvé ce petit système-là pour gagner trente mille francs tous les jours. J’étais raisonnable. Au jeu, il ne faut pas être raisonnable.

Je sors de la salle sous le coup de cet incident inattendu. Il n’est que neuf heures. J’ai une hâte fébrile de revoir Helena. Je vais tout lui dire. Elle comprendra… Elle me rendra aussitôt mes cent mille francs !…

Neuf heures et quart, je suis dans son salon. J’attends cinq minutes et Mary m’introduit. Helena est prête. Elle m’adresse un sourire adorable : « Comment me trouvez-vous ? » Elle est à peu près nue dans une robe en mousseline rose fanée, brodée, en plusieurs tons de rose, gris, bleu et or, de motifs où les paillettes, le strass, les perles fines, les diamants, les verres de couleur forment les dessins les plus singuliers. À chaque mouvement, cette joaillerie chante le long de ses jambes gantées haut de soie chair que l’on aperçoit jusqu’aux cuisses dans les entre-deux… Un poème… Dans ses cheveux noirs, un diadème avec une émeraude énorme. Et encore, naturellement, le fameux collier.

— Ceci vous plaît-il ? Je ne veux plus m’habiller que pour vous, amour chéri !

Mary est là. Helena ne se gêne pas devant elle. Je baise les mains de la noble dame ; elle laisse ses mains sous mes lèvres. Mon silence, mon baiser secret sont suffisamment éloquents. Elle me comprend : « Laissez-nous, Mary ! » Quand elle veut, rien n’est plus majestueux que son geste, sa parole.