Page:Leroux - Mister Flow.djvu/96

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vous dois de trop belles heures pour que vous doutiez que j’en garderai — et pour moi seul — l’ineffaçable souvenir… Helena, je vais partir ce soir… Arrangez-vous avec Mary… Vendez-lui une de vos robes !… Vous mettrez le comble à vos bontés en me procurant vingt-cinq louis…

Elle se retourna vers moi, brusquement, et me prit la tête entre ses doigts crispés :

— C’est vrai, darling, tu veux me quitter parce que je suis pauvre ?

— Je vais vous quitter pour ne pas devenir fou ! Vous ne vous rendez pas compte une seconde de la situation dans laquelle m’a placé Durin !… Et je sais que mon séjour ici ne fait que la compliquer. Helena, j’entrevois un abîme. S’il en est temps encore, Helena, chère Helena, laissez-moi en sortir !…

— Mais vous ne pensez qu’à vous ! Que vais-je devenir toute seule ? Je vous aime tant, cher, cher Rudy !… I love you so much !… Et qu’est-ce que dira sir Archibald quand il saura que vous m’avez quittée si tôt ?… Je lui ai écrit que vous étiez heureusement arrivé et que vous consentiez… à être… comment on dit en Italie ?… sigisbée ?… enfin, mon flirt jusqu’à son retour ! Il a la plus grande confiance en vous, darling !… Naturellement, avant son retour, vous seriez parti, car, lui aussi, il verrait le mensonge de votre visage. Songez que nous avons passé six semaines ensemble… et puis il faut que vous plaidiez pour ce pauvre Durin !… Mais nous avons le temps ! Pourquoi précipiter les choses ?… Vous êtes vraiment tra-