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ROULETABILLE TRAVAILLE

cela assez brutalement, ou tout au moins dans des termes qui étaient destinés à le mettre en émoi et à lui faire comprendre qu’on ne lui permettrait pas longtemps de garder son secret pour lui tout seul.

Il trouva bon de marcher dans le sens du jeu de ces messieurs et se mit à rougir, et à balbutier avec un naturel qui aurait fait la joie de La Candeur.

Il répéta tout ce qu’on voulut.

Finalement, l’ingénieur en chef lui dit :

« Herr Richter, qui est sujet suisse, nous charge de vous faire la proposition suivante : 200 000 francs à l’admission de vos plans et 30. p. 100 pour vous sur les bénéfices ! Réfléchissez ! Blin vous vole ! Nous connaissons Herr Richter depuis quinze ans. C’est un honnête homme ! Allez !… »

Richter et Rouletabille sortirent du généralkommando.

Richter paraissait avoir complètement oublié la conversation que l’on venait d’avoir au kommando, mais il n’oublia pas de repasser par le laboratoire d’énergie et la maison de Hans et de sa fille. Mais, cette fois, il n’eut pas la joie d’apercevoir Helena.

Devant la nouvelle tour à eau, Rouletabille regarda de nouveau sa montre.

« Si nous montions ? fit-il.

— À votre disposition ! » dit Richter.

Et ils montèrent. Cette tour était une construction octogone, et Richter expliquait en montant qu’elle renfermait à son sommet un réservoir de 150 tonnes. L’eau, qui est amenée au pied de la tour par des canaux de 6 kilomètres, provient des grands lacs artificiels formés par l’épuisement des mines de houille dans le bassin de la Ruhr. Des pompes à vapeur font monter cette eau dans la tour et, une fois dans le réservoir, elle est chassée par son propre poids dans toutes les directions de l’usine.

Rouletabille et Richter arrivèrent un peu soufflants à la lanterne de la tour. Il faisait beau. Toutefois l’horizon était brumeux comme celui de la mer.