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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

envoyé par Rouletabille… Il est arrivé ! C’est tout ce que je voulais savoir !… »

Et, se tournant vers Richter qui déjà le faisait redescendre :

« Quel est donc cet homme qui est ici dans cette cabane avec cette tunique et cette casquette rouge ?…

— C’est le pompier de service ! répondit l’ingénieur. C’est lui qui lance les premiers avertissements dès qu’il y a un incendie. Il est en communication téléphonique et aussi par signaux lumineux avec toute l’usine.

— Quelle organisation ! c’est merveilleux !…

— Et dire que tout cela est sorti de cette petite chose que vous voyez là, expliqua l’ingénieur, cette pauvre petite forge près de la porte d’entrée principale ! C’est là-dedans que le père Krupp a été lui-même simple et misérable ouvrier, et a travaillé longtemps auprès de son père qui n’était qu’un pauvre forgeron allant vendre lui-même aux environs les divers objets qu’il fabriquait ! On comprend que le fils ait tenu à conserver précieusement ce curieux témoignage des humbles débuts d’une des plus puissantes organisations du monde !… »

Sortis de la tour, les deux hommes ne se dirent plus rien jusqu’à ce qu’ils fussent revenus dans la salle de dessin de l’ingénieur. Là, comme Richter se taisait toujours, Rouletabille, qui avait pris un air assez préoccupé, dit enfin :

« Écoutez, monsieur, j’ai réfléchi : j’accepte les propositions que vous me faites. Il n’y a aucune raison pour que je refuse de travailler avec un ingénieur suisse. Je me suis, en effet, lié en aucune façon avec la maison Blin et Cie, qui ne m’a fait que de vagues promesses, et, de toutes façons, beaucoup moins importantes que les vôtres. Vous pouvez donc dresser notre contrat, et je vais me mettre, moi, si vous m’en donnez les moyens, en mesure de dresser mes plans ! »

Richter lui tendit la main et Rouletabille la lui serra.

« C’est donc entendu ! conclut l’ingénieur. Et vous m’en