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ROULETABILLE CHEZ KRUPP

M. Michel Talmar et Mlle Nicole pourront faire aujourd’hui quelques bonnes provisions, assurément !… »

Et, éclatant d’un gros rire, il montra la table immense couverte déjà de « délicatesses » les plus appréciées des palais teutons, et de pyramides de fruits, de gâteaux et de sucreries !

« Nous manquons de tout : en vérité, nous manquons de tout !… »

Nicole et Rouletabille n’eurent pas le temps de se dire un mot avant le déjeuner. Le général présenta lui-même le célèbre ingénieur français Michel Talmar aux principaux personnages étrangers, ne manquant jamais de donner le détail de sa collaboration et de son association avec Richter, en pleine usine Krupp !

« Voilà un Français intelligent ! concluait-il, et qui comprend véritablement ses intérêts !… Il n’est pas allé porter son invention en Angleterre, lui ! Il a été plus malin que Fulber !… »

De gros rires saluèrent cette allusion à l’infortune de l’inventeur…

« Chut !… fit alors le général avec un important sourire plein de malice, ne faisons pas de peine à Mlle Nicole !… Sa Majesté me l’a recommandée, en nous quittant !… »

Tout le monde regarda Nicole, qui ne regardait personne, pas même Rouletabille, et qui paraissait plongée dans un rêve très profond…

Avant que l’on se mît à table, Rouletabille et Nelpas Pacha manœuvrèrent si bien qu’ils purent se procurer deux minutes de conversation particulière sans éveiller l’attention de personne.

« Tu as ce que je t’ai demandé ? » fit Rouletabille.

Vladimir lui glissa une petite fiole dans la main.

« Oui ! vingt gouttes suffisent pour une seule personne.

— Merci… et le Wesel ?

— Mauvaise nouvelle ! répliqua Vladimir entre ses dents. J’ai vu le capitaine du Wesel ; il a reçu l’ordre de