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LE DÉJEUNER DES FIANÇAILLES

conduire cinquante Boches en Hollande à son prochain voyage.

— Combien d’hommes d’équipage ? demanda Rouletabille.

— Sept…

— Avec le capitaine, huit ! Cela ne fait, après tout, que cinquante-huit hommes…

— C’est beaucoup, expliqua Vladimir, pour trois gars qui peuvent avoir besoin de s’emparer d’un bâtiment sans faire trop de bruit…

— Bah ! on ne s’apercevra de rien, et j’espère que nous n’aurons besoin de ne nous emparer de rien du tout…

— Bigre ! je l’espère bien, moi aussi !

— À quelle heure arrivent les caisses à bord du Wesel ? demanda Rouletabille.

— Il faut que tout soit arrimé à 6 heures du matin. Le nouvel horaire porte que le cargo doit lever l’ancre à 7 heures… Songez que l’on se sera aperçu de votre évasion à 5 heures du matin au plus tard !… Ils peuvent faire beaucoup de choses en deux heures…

— Quoi donc ?

— Eh bien !… vous reprendre et vous ramener à l’usine, par exemple !…

— C’est bien possible ! répondit Rouletabille d’une voix sèche, mais ils n’y ramèneront que des cadavres !… À propos, cher Pacha, comment se fait-il que la princesse Botosani ? »

Mais il ne put continuer. On se mettait à table. Il était loin de Vladimir et loin de Nicole, entre un vieux hauptmann, qui se vantait d’être le plus vieil employé de l’usine et une petite backfisch de seize à dix-huit ans, cousine de Hans, qui ne cessa de bavarder et de raconter à Rouletabille, dans ses plus grands détails, un voyage de huit jours qu’elle avait fait à Paris. C’était une ville qu’elle aimait beaucoup à cause de Magic-City.

« On raconte que l’Empereur va peut-être détruire