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LE DÉJEUNER DES FIANÇAILLES

joindre dans un coin des salons, et, se glissant contre elle, lui donna la petite fiole apportée par Vladimir et lui dit :

« Prenez ceci, il y a de quoi endormir votre gardienne, et Helena, si c’est nécessaire, et toute la famille Hans. Vingt gouttes par personne suffisent Mettez-en trente ! »

Nicole regardait Rouletabille sans faire un mouvement.

« Mettez donc cette fiole dans votre poche !

— Tout à l’heure ! On nous regarde !… Vous n’avez plus rien à me dire ?

— Mais si !…

— Alors, dites vite ! nous ne savons pas si nous aurons encore une occasion pareille !…

— Eh bien ! fit-il, c’est pour cette nuit, à 3 heures du matin tapant. Vous quitterez la maison de Hans avec les vêtements, la mante et la capeline d’Helena. Vous vous dirigerez vers la maison de Richter. Si l’on s’intéresse à votre silhouette, n’y prenez point garde. Un rendez-vous d’amoureux, le soir d’un déjeuner de fiançailles, n’est fait pour étonner personne en Allemagne. Vous gravirez le perron, une fenêtre s’ouvrira, on vous introduira dans le petit cabinet de travail.

— Qui m’y introduira ? Vous ?

— Moi ou un autre !… Je serai particulièrement très occupé ! Laissez-vous conduire ! Tout se fera par mon ordre. Si, à 3 heures et demie, vous n’êtes pas là, c’est qu’il se sera produit quelque chose d’inattendu qui vous aura empêchée de sortir de la maison de Hans. Alors, soyez dans votre chambre. Je viendrai vous y chercher !

— Êtes-vous sûr de réussir ?

Absolument sûr de réussir cette nuit, puisque de toute façon j’ai votre engagement !

Ah ! oui !…

Car votre engagement tient toujours ?…