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TANGO

était renommé pour le sang-froid qui ne l’abandonnait jamais, même dans les circonstances les plus difficiles…

« Messieurs !… Messieurs !… balbutia cet homme, d’une voix épouvantée, un malheur !… un incroyable malheur !… En sortant d’ici… Nourry, à qui je venais de donner rendez-vous pour demain… Nourry a été abordé au coin de la rue des Saussaies par deux ivrognes… Nourry a appelé au secours ; les agents sont arrivés trop tard. Nourry était dans le ruisseau. Il perdait son sang à flots… Il avait la carotide tranchée par un coup de couteau !… »

Une exclamation d’horreur sortit de toutes les bouches.

« Est-il mort ? haleta le « Président ».

— Dans nos bras, sans avoir prononcé un mot !

— Et les ivrognes ? interrogea la voix calme de Rouletabille.

— Ils se sont sauvés !… mes agents battent toutes les rues avoisinantes… tout le quartier !… mais, je vais vous dire, monsieur le Président… une chose terrible… si je ne les retrouvais pas, cela ne m’étonnerait pas ! Je crois à un coup monté !…

— Quand je vous disais, fit le reporter, que nous ne serions pas trop de trois contre ces gens-là… chez eux !… »


VIII

TANGO

Le lendemain de cette séance mémorable, vers les huit heures du soir, on pouvait voir certain poilu de notre connaissance errer, la pipe à la bouche, dans toutes les rues adjacentes des grands boulevards, de la rue du Helder à la rue Royale.

Il entrait à peu près dans tous les bars, tout au moins