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ROULETABILLE S’ORIENTE

de pendule, puis sa bouche couvrit, énorme… puis se referma sur le cri qui ne fut plus entendu que comme un lointain grognement.

De ses yeux fixes, Rouletabille foudroyait M. René Duval !

« Ah ! bien ! Pichenette, reprit l’Enflé, qu’est-ce qu’il te prend ?

— Je grogne à l’idée du mauvais déjeuner que nous allons faire ! répondit La Candeur en détournant avec effort son regard de celui de Rouletabille… Sûr ! ils ne vont pas nous servir des tripes à la mode de Caen !

— Te faudrait-il aussi une bolée de cidre de Normandie ?

— Hélas !…

— Tiens, v’là la cloche !… »

Deux coups de sifflet stridents appelaient les hommes à table. Le petit dortoir se vida. Seuls, restèrent La Candeur et Rouletabille. Celui-ci avait refermé les yeux. Quand il les rouvrit, il revit La Candeur qui le contemplait dans une immobilité de statue, sans oser dire un mot.

« Veux-tu ficher le camp déjeuner avec les autres ! Je ne te connais pas, moi, monsieur René Duval !… »

La Candeur fit demi-tour et quitta la chambre en se heurtant de joie aux meubles ! Rouletabille était enfin arrivé !… Il y avait quinze jours que La Candeur l’attendait !… ou plutôt qu’il n’espérait plus le voir arriver !… Rouletabille ne lui avait-il pas dit : « Je serai avant toi à Essen ».

Le géant ne mangea pas et revint le premier dans le dortoir.

Rouletabille lui tourna le dos et feignit un profond sommeil.

La Candeur poussait des soupirs à attendrir un tigre.

Il ne réussit qu’à se faire donner à la dérobée un solide coup de pied dans le ventre par Rouletabille qui semblait continuer tranquillement son somme.

Ce ne fut que vers les 5 heures, quand Rouletabille se