Page:Leroux - Rouletabille chez les bohémiens, paru dans Le Matin, 1922.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Chapitre deuxième

L’Arrestation


I. — Rouletabille à l’affût

« Carnet de Rouletabille. — Cet Hubert est un infâme bonhomme. Son attitude au dernier interrogatoire a été telle que j’en ai été comme paralysé. À un moment je n’y voyais plus goutte et je ne savais même pas que Jean était derrière moi, à me regarder… Je devais faire une singulière figure. Et puis j’ai repris mes esprits et j’ai répondu au juge comme il le fallait, pour le moment. C’est alors que je me suis aperçu de la tête que faisait Jean.

» Quand on eut emmené Hubert et que M. Crousillat, le juge d’instruction et son inénarrable greffier, M. Bartholasse, qui sont littéralement enragés contre moi, eurent quitté le Viei Castou-Nou en claquant les portes, je me suis rapproché de Jean et je lui ai demandé des nouvelles de sa course à Beaucaire. Il m’a répondu en me regardant singulièrement qu’il y avait vu la Rousso Fiamo et que ce modèle des « guardians » n’avait pas quitté ses bêtes pendant toute la période du drame.

» — Eh bien ! fis-je, es-tu toujours aussi persuadé que c’est Hubert qui a fait le coup ?

» — Et toi, me répliqua-t-il, es-tu toujours aussi sûr du contraire ?

» Je lui ai répondu qu’il était impossible pour le moment d’affirmer ou de nier sa complicité.

» Alors il me jeta sur un ton d’écœurement peut-être excusable, mais qui tout de même me déchira le cœur :

» — Enfin, sais-tu, oui ou non où est Odette ?…

» — Si je le savais, elle serait déjà ici !…