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SUR MON CHEMIN

foule russe en face des manifestations officielles. Nous sortirions ensemble des cortèges pour entrer dans les rangs du peuple qui les regarde. Je me suis livré à une enquête des plus sérieuses ; j’en reviens avec de multiples interviews et je puis conclure.

Cette enquête sur la véritable amitié qu’on nous voue ici dans les milieux populaires, j’aurais voulu la commencer plus tôt, bien avant l’arrivée du président, et vous en envoyer les premiers résultats. Les retards, toujours à redouter, d’un voyage de mer m’en ont empêché. Le Versailles n’est arrivé à Saint-Pétersbourg que pour nous débarquer quelques heures à peine avant l’arrivée du président. Les formalités de douane et de police, qui atteignent ici des proportions inconnues, ont fait durer vingt-quatre heures le parcours de Cronstadt à la capitale ; enfin, à l’heure crépusculaire où nous glissions entre les quais de la Néva, notre navire, le plus grand qui fût venu jusqu’à ce jour au pont Saint-Nicolas, touchait soudain le fond du fleuve et s’échouait. Toute la nuit, neuf vapeurs attelés à cette besogne énorme de nous renflouer tiraient le Versailles, crachant le feu, brisant les câbles, et, finalement nous remettaient à flot.

Depuis que la ville était à l’horizon, nous étions dans l’anxiété de ce que nous allions voir, de ce que nous allions entendre. Nous nous représentions Saint-Pétersbourg, quarante-huit heures avant l’arrivée du président de la République,