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SUR MON CHEMIN

en toilettes claires, babillent et potinent, un peu lasses du spectacle. Elles regardent le président au-dessus de l’empereur, au côté de l’impératrice, le président, qui n’a point détaché ses yeux de ces quarante mille hommes qui se meuvent dans la plaine et défilent en l’honneur de la France et pour lui. Elles parlent du rôle de gloire qui lui est momentanément dévolu et lui accordent qu’il le tient en toute dignité.

— En toute grâce, ajouta même une dame russe.

Une autre, une Française voulut faire une réserve.

— C’est vraiment malheureux qu’il ait fait, à son arrivée, cet accroc au protocole.

— Et lequel ? interroge-t-on.

— Comment ? vous ne savez pas ? Il a conservé son pardessus, ma chère. C’est énorme ici. On ne doit jamais conserver son pardessus dans une cérémonie officielle, et vous avez bien vu qu’à Peterhof, lors du débarquement, tous les officiers supérieurs avaient renvoyé leurs capotes dans leurs voitures. Or il s’est présenté au tsar en pardessus ! Il a passé la petite revue de Peterhof en pardessus ! On ne parle que de cela à la cour.

Une grande dame intervint :

— Je vous assure qu’on ne s’en entretient même pas. On n’ignore pas à la cour de Russie que le protocole permet le pardessus en France.

— Tout ceci ne serait pas arrivé, conclut la