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SUR MON CHEMIN

pisseries des Gobelins pendent aux murailles, avec leurs légendes pâles et vieillottes. Au centre du grand salon, au-dessus du fauteuil aux griffes d’or, plus haut que les autres et plus solennel, où il sera loisible au président de s’asseoir, s’il lui plaît, le portrait encadré de M. Félix Faure sourit.

Le président, accompagné des personnages officiels, suivi des chamarrures de l’ambassade et du protocole, monte doucement les marches, entre la double haie de la colonie française.

Et cette petite fête est parfaite en son intimité, ici, on ne fait point de grandes manières, et tout y est simple. La toilette de ces dames vaut par sa simplicité. On est venu comme on a pu. La réception est ouverte. Elle était ouverte également à la haute aristocratie russe ; mais, comme elle se trouve, à ce qu’on nous a expliqué, dans ses châteaux et villégiatures, cela explique qu’on ne l’ait point vue au cours des fêtes en général ni à l’ambassade en particulier ; cela explique les deux décolletages de ces deux dames de haut ton et « cavalières » qui faisaient l’ornement du petit salon. La colonie française était en robe de soie noire. Pas toute. Une excellente personne qui tenait à tout prix à voir notre président n’a pas eu le temps de changer son chapeau canotier. Et, quand le président, avec la bonne grâce qui est la sienne, attacha le ruban rouge sur la poitrine, de quelques-uns de ses compatriotes pétersbourgeois, il se trouva entouré d’un groupe de braves