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L’« ORDRE »

nant-colonel Picquart à la moustache du lieutenant-colonel Henry ? Bref, le conseil n’avait-il point, le premier, le devoir de protester ? disaient tout haut ceux qui n’en faisaient pas partie.

Eh bien, le conseil n’a pas protesté ! Le conseil n’a pas apposé sa signature au bas des adresses à l’armée. Le conseil s’est contenté de mécontenter tout le monde au Palais, ceux qui voulaient qu’ils intervînt et ceux qui voulaient qu’il n’intervînt pas. Il est vrai qu’il a approuvé la conduite du bâtonnier allant saluer les généraux. Et cela, il l’a fait de la façon la plus piteuse du monde, la plus hypocrite. La note n’est pas officielle. Elle s’est transformée en un renseignement de journal qu’on trouve dans les colonnes de la Gazette des tribunaux.

Il est bien évident, en effet, que le conseil a suivi cette ligne qu’en géométrie nous appelons la tangente. Il n’a point pénétré dans le cercle où ceux qui n’ont aucune responsabilité dans l’affaire voulaient l’enfermer.

Il a été prudent. Et il semble qu’il n’est point au bout de ses prudences. À propos de cette histoire Dreyfus, dont je n’aurai garde de parler, il y aura pour lui de graves résolutions à prendre… qu’il ne prendra pas, tout en les prenant. Voyez comme il est embarrassé. Non point pour Me Leblois, qui n’est qu’un petit personnage nullement intéressant et qui peut s’attendre à « trinquer », mais pour Me Demange et pour Me Bar-