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SUR MON CHEMIN

boux. L’un a fait partie du conseil, et l’autre en est. Aussi, on temporise. Ce sont gros personnages, sur lesquels la main du conseil ne s’appesantira qu’en tremblant. On souhaite au Palais, pour Me Demange, qu’elle ne s’appesantisse pas du tout, car il est beaucoup aimé. Il a communiqué son dossier à Me Labori, qui se présentait devant le conseil de guerre pour la famille Dreyfus. La communication s’explique ou s’excuse. Mais, pour Me Barboux, il n’en va point de même.

Que Me Barboux ait éprouvé quelque émotion en apprenant que M. du Paty de Clam avait de nombreux amis à glisser dans l’audience, cette émotion peut être jugée naturelle, mais la nouvelle lui en est arrivée dans des conditions spéciales que chacun sait. Puisqu’une lettre avait été ouverte par erreur, elle devait être remise directement à son propriétaire sans passer par les mains du garde des sceaux.

Me Barboux a été, sans s’en rendre compte, victime de cet esprit de police tracassière qui souffle depuis les temps les plus reculés sur les membres d’un conseil qui est bien nommé de « discipline », de cet esprit qui les pousse à s’entremettre dans les affaires les plus privées des avocats qu’ils ont « sous leur coupe » qui leur fait accueillir les racontars et les potins des mouchards de couloirs, qui leur fait ordonner des enquêtes sur des événements ne touchant en rien la profession d’avocat, qui ne leur fait