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SOUS LE COUTEAU


Il ne se trouvera sans doute point en cour de Vienne quelque P. Olivier pour affirmer, devant le catafalque de l’impératrice d’Autriche, que ce lâche assassinat — deux fois lâche, puisque l’assassin n’y risquait point sa tête — fut un avertissement du ciel, bien fait pour inciter les grands de la terre à toujours considérer leur fin prochaine. Je crois qu’il importe peu que nul orateur sacré ne tire de l’événement ce thème admirable, vieux comme l’Église, sur les petites bêtes à bon Dieu que nous sommes, placés entre le pouce et l’index du Tout-Puissant. Si on ne leur parle point de ces choses, les grands y penseront. Mieux que des sermons, hélas ! la mort de l’impératrice sous le couteau doit agiter l’âme des souverains.

Car, enfin, sans s’exagérer le péril anarchiste, qui n’apparaît plus, à de longs intervalles, que comme un accident rare de la lutte sociale, sans faire habiter leur cœur par des terreurs pusilla-