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LA COUR RÉVISE

de l’huissier annonce la Cour et que les magistrats font leur entrée, gagnant leurs sièges d’une démarche hâtive que nous ne leur connaissions pas. On dirait qu’ils ont hâte de se décharger du poids formidable qui pèse sur leur conscience.

Seuls, les quatre présidents, que distingue le vaste camail de blanche hermine, s’avancent au milieu du prétoire, avec la lenteur et la majesté coutumières. Et, à les voir ainsi venir à nous, de leurs pas d’officiants, les uns derrière les autres, si calmes et d’allure sereine, le visage rayonnant d’une paix définitive, on dirait la théorie des prêtres et des diacres entrant dans le temple pour la célébration des mystères. Puis, d’un même geste rythmique, ils se tournent vers les cathèdres et gravissent solennellement les marches qui conduisent à leur tribunal, j’allais dire à l’autel.

M. le premier président Mazeau s’apprête alors à lire l’arrêt. Je regarde les conseillers. Ah ! qu’ils sont loin, maintenant, de cette attitude de curiosité, de surprise, d’enthousiasme, de stupéfaction, de crise émotionnelle et d’ardente fièvre qui les faisait, l’autre jour, se lever, se soulever et se tendre vers M. le conseiller rapporteur, annonçant dans un sanglot que le devoir pour tous était de réviser, ils ne regardent même point M. le Premier. Ce qui se passe semble déjà être passé pour eux. L’acte est accompli et M. Mazeau ne fait que l’enregistrer. Cette cérémonie de procédure ne présente à leurs yeux aucun inté-