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DEVANT LA HAUTE-COUR

Déroulède se prend le menton de son poing ganté de gris et écoute la courte rumeur qui se lève derrière lui, s’apaise et tombe dans les tribunes.

M. Baillière, architecte, n’a que deux prénoms, comme un simple roturier — Édouard-Achille. Il constate avec une satisfaction évidente que son avocat, Me Hornbostel, qui était parti, qui était revenu et qui était reparti, le front soucieux, revient enfin, et qu’en retraversant l’hémicycle, il a retrouvé le sourire.

M. Ernest-Henri Barillier est un boucher, un marchand boucher. J’ignore son allure dans l’exercice de ses fonctions, mais hier, j’admirais sa sobre élégance et je souhaitais, à quelques représentants de la vieille monarchie, la façon qu’il a de porter la redingote. Je leur souhaitais aussi ses épaules. C’est un homme magnifique, à la vaste moustache, et qui parle bien. Il habite rue des Martyrs, et c’est un boucher du Faubourg-Saint-Germain.

Je n’avais pas encore aperçu M. Jules-Napoléon Guérin, tant il est sage. Il n’a rien appris à personne en disant qu’il était domicilié rue de Chabrol. M. Guérin s’ennuie tout seul avec son grand chapeau gris.

M. Dubuc est ingénieur. Voici les enfants. Le petit Brunet, qui a vingt ans, et qui a des cheveux bruns admirables encadrant une jolie tôle d’artiste, Il se doit à lui-même quelques croquis. Aussi, passe-t-il son temps à caricaturer, sur la