Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
249
ENTREVUE DE NOISY-LE-SEC

casque en or, descend à son tour. Puis des officiers, au bicorne surmonté de l’aigrette rouge, et des domestiques qui surgissent soudain, tout en rouge et galonnés d’or, formant une chaîne infranchissable, derrière laquelle se font les présentations.

Sur l’étroite bande du tapis rouge, M. Félix Faure s’avance, suivi de sa maison militaire. Il porte la main, de temps à autre, à son chapeau, cependant que, rigides, les officiers anglais le saluent.

Le nouvel ambassadeur d’Angleterre, tête blanche, habit noir, sir Edmund Monson monte dans le compartiment où se trouve la reine. Le président de la République lui succède. L’entrevue est commencée. Les vitres du wagon nous permettent de tout voir. Les rideaux de velours rouge en sont tirés dans les coins. On aperçoit, se dessinant sur l’autre vitre grise, sur le jour terne, sur le crépuscule pâle, la silhouette infiniment précise de la reine d’Angleterre. Son buste apparaît, découpé sur le carreau, telle une ombre chinoise. Sa Gracieuse Majesté est en noir ; elle a une petite capote noire, surmontée d’une fine aigrette de jais, qui fait ressortir davantage la blancheur de ses cheveux.

M. Félix Faure, devant elle, debout et très grand, sourit et s’incline. Le président de la République se baisse, se courbe, saisit doucement la main, la porte ou semble la porter a ses lèvres, selon que l’exige le protocole. Le président s’as-