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SUR MON CHEMIN

sied, face à la reine et nous tournant le dos.

Et ces deux ombres, derrière les vitres, se parlent. La reine conserve la précision de son profil qui ne bouge point, mais le dos de M. Félix Faure va de droite, de gauche, et ne sait rester en place. On sent que M. Félix Faure parle beaucoup. La reine, à son tour, parle. Le dos de M. Félix Faure écoute. Le fond du compartiment s’ouvre : deux princesses entrent. L’entretien a été secret dix minutes. Ce sont les princesses de Sleswig-Holstein et de Battenberg. Cette dernière porte le deuil de son mari. M. Félix Faure se lève. Présentations. Les princesses vont s’asseoir tout au fond du wagon. L’entretien reprend et les princesses, n’écoutant pas, nous regardent, curieusement, à travers les vitres. On présente alors au président le livre doré que la reine possède depuis plus de quarante années et qui a connu toutes les signatures illustres du monde entier. M. Félix Faure y appose la sienne à la page correspondant au 30 janvier, date de la naissance du président de la République.

Puis, d’une aisance parfaite, il s’avance à la vitre, la frappe du doigt, fait signe aux officiers de sa maison militaire de monter.

Le général Tournier, M. Le Gall, le commandant de la Garenne entrent dans le wagon. Le commandant Humbert n’a plus de place. On le présente sur le marchepied. Ils redescendent. Le président de la République se rassied. Quelques paroles encore. Il se lève. Nouveau baisement