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UNE CONVERSATION AVEC M. DESCHANEL

speaker comprend son devoir de président, et personne, chez nos voisins, ne s’en étonne ; personne ne s’en est scandalisé, même au temps des luttes les plus ardentes du parnellisme, parce qu’ils ont les véritables mœurs parlementaires. Je voudrais, en ce qui me concerne, les acclimater définitivement en France, et qu’il fût bien entendu que le Palais de la présidence est ouvert à la représentation nationale tout entière. Ce n’est pas tout. Je veux, en faire aussi, vous le savez — et cela de plus en plus, dans le bon sens du mot — l’« accueillante » maison du peuple !

Comme on le voit, M. Deschanel a de nobles et justes ambitions. Pour atteindre son but, il ne ménage point ses efforts et ne craint pas la fatigue.

M. Deschanel se lève et me dit à l’oreille :

— Savez-vous ce qu’il y a de plus fatigant, pour un président de la Chambre ? Ce n’est ni les cris des socialistes, ni les protestations de la Droite, ni le silence du Centre, ni l’exercice du coupe-papier ou le maniement de la sonnette, ni les pires tumultes : c’est le dîner en ville ! Au début de ma présidence, j’ai mis le frac et la cravate blanche, tous les soirs, pendant quatre mois de suite !… Et impossible d’échapper ! C’est l’engrenage ! Je sais bien qu’il en est de charmants et que je ne regrette point ; celui de ce soir, par exemple…

— Qui sait ? Vous le regretterez peut-être, fis-je à M. Deschanel un peu surpris.