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SUR MON CHEMIN

été supprimée. La coutume en est établie, et il ne faut pas trop s’en plaindre, si l’on songe que l’amende ne frappait pas seulement le représentant du peuple, mais aussi, dans bien des cas, la famille, le budget du ménage.

— Mais alors ?

— Alors… il y a la censure, que la Chambre seule peut appliquer ; mais elle ne se soucie pas de le faire quand il s’agit uniquement d’assurer l’ordre. Il ne reste donc au président que son crédit moral, la confiance de ses collègues…

M. Deschanel se tait. Je le regarde. Mais son sourire ne me répond point. Mon regard demande si le crédit moral du président et la confiance de ses collègues remplacent toujours l’amende absente que l’on n’applique plus et la censure qu’on ne demande pas…

M. Deschanel laisse tomber ces paroles entre deux bouffées de mon cigare :

— Il y a des jours où la Chambre devrait comprendre que je ne puis rien sans elle.

Là-dessus nous revenons au leit-motiv, à l’impartialité du président et à l’éclectisme nécessaire qui lui ordonne, à la Chambre, de faire taire les exaltés de tous les partis pour les réunir, ensuite, à sa table.

— Car vous recevez, à votre table, socialistes et monarchistes ?

— Oui, comme le « speaker » de la Chambre des communes. Il invite, lui, successivement, tous ses collègues par ordre alphabétique. Ce