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EN LOGE

quand il veut, sort suivant son bon plaisir, travaille à sa fantaisie, va souvent se refaire à la campagne, visite ses maîtres, achève sa toile en huit jours, s’il a l’inspiration galopante ; bref, jouit d’une liberté absolue. Seulement, il lui est défendu d’offrir dans sa loge des five o’clock à ses amis et connaissances. Seuls, ou seules, ses modèles peuvent l’y venir trouver, avec l’autorisation du directeur. Quant à la prohibition des calques, des photographies, dessins et, en général, de tous documents susceptibles de l’aider et le guider, toutes choses qui ne doivent point franchir le seuil sacré de la cellule, quant à cette prohibition, on ne saurait s’imaginer à quel point les rapins s’en moquent.

On fouille ? C’est pour rire. On ne fouille même pas, et il n’est point besoin d’avoir des gilets à double fond pour faire passer, sous le regard peu sévère des gardiens, tout ce que l’on veut. Il est évident qu’on ne pourrait apporter dans les plis de son manteau le tableau original de la Cérémonie du Sacre, de David ; mais la photographie n’a point été uniquement créée pour les voyages présidentiels.

Ceci est connu de tous et même encouragé par les maîtres. Je vais citer des exemples bien connus à l’École. Souvent, un logiste travaille autant à sa toile chez lui ou dans les ateliers amis que dans sa loge. Vous comprenez bien que ce n’est point sur sa toile, mais pour sa toile. Il a emporté le double de son esquisse, l’a montrée à ses chefs,