Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/304

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
290
SUR MON CHEMIN

Je me détourne de ces forces, et c’est un repos que de regarder maintenant, d’apprécier dans toute leur finesse, leur grâce et leur légèreté, les merveilles de la carrosserie automobile. Elles envahissent, à cette heure, toute la route. De jolies femmes, la main posée sur la roue directrice, font évoluer, avec une sûreté parfaite, l’élégance des phaétons. De toutes parts, les motocycles arrivent, innombrables, et les voiturelles, comme des demoiselles très sages, et modestes, attendent le signe du départ. Une nuée de bicyclistes couvre la route sur plusieurs kilomètres, et c’est vraiment une fête sportive très belle que celle là, dans la splendeur du chaud malin. Et la foule des véhicules grossit à tout moment, plus compacte. Tous ceux qui sont là ont compris notre effort ; ils savent l’importance d’une course de ce genre pour le développement de l’industrie automobile, et que les courageux professionnels qui vont monter et conduire les monstres dont je parlais tout à l’heure traceront les voies aux moins hardis, et enseigneront aux amateurs à tenter « le moins », puisqu’ils auront accompli « le plus ».

Huit heures bientôt. Nous nous dirigeons vers le sommet du plateau pour voir passer les concurrents dans toutes les fureurs de leur vitesse. Derrière nous, la route est frémissante de ces milliers de chevaux-vapeur, de cette colossale énergie dont reflet est momentanément réduit à néant de par la volonté de tous et de par le dépla-