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SUR MON CHEMIN

tement, c’est clair, net et pimpant ; la douleur et la joie s’expriment ici avec grâce et politesse et elles sont pleines d’esprit. » — « Moi, ce que j’admire le plus dans ce lyrisme-là, fait un autre, c’est qu’il fait des cabrioles extravagantes et qu’il retombe toujours sur ses douze pieds. Rostand est un habile homme. »

— Et moi, ce que je prise le plus dans ce délicieux poète, c’est qu’il n’oublie rien,

— Comment cela ? » demandent trois enthousiasmes. L’autre explique : « Ce n’est pas le tout que de réussir le couplet ; l’art du véritable auteur dramatique consiste à ne jamais passer à côté de l’occasion du couplet sans lui prendre la mèche. Rostand la lui lire tout le temps, c’est merveilleux. Savez-vous bien que nous avons deux couplets sur le petit chapeau, un pour les bonapartistes, l’autre pour les républicains ? » — « Tout le monde sera content ; moi, ce qui me stupéfie, c’est qu’il puisse écrire tant de vers que ça pour une seule pièce. » — « C’est le sujet qui le veut ; il a écrit six actes, il pourrait en rimer deux cents. » — « Aussi facilement qu’en en retranchant cinq il eût fait de tout cela un charmant lever de rideau. Il fait ce qu’il veut. »

Je lâchai l’Enthousiasme des couloirs pour celui de la coulisse. Je lui trouvai là une autre figure. Dans la loge de Sarah, il embrassait l’artiste et avait des larmes dans les yeux. La grande Sarah tapait sur les bottes du petit duc de Reichstadt et ce petit jeune homme « n’en menait