Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/340

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
326
SUR MON CHEMIN

présentent leur face à l’est ; il est surmonté de cinq gradins. Sur l’autel, voici l’image du « Mandala de l’univers », ville minuscule aux tours d’or, cité céleste, que les lamas consacrent chaque jour aux bouddhas, et deux vases d’eau bénite appelés bum-pa. Puis viennent, au premier gradin, sept lampes ; au second, sept tasses d’eau ; au troisième, sept vases de fleurs ; au quatrième, sept petits gâteaux.

À droite, sur une tablette, sont déposées les cymbales, la sonnette sacrée (dril-bu), la foudre (dor-jè), et la conque (dung).

Tout ceci est gentillet, charmant, respire une bonne petite odeur de piété, rappelle les « mois de Marie » dressés dans les chambres de jeune fille. Des chapiteaux tombent de larges bandes de cuir que l’on pourrait prendre, avec un peu d’imagination, pour les bretelles d’un bouddha géant. D’autres bandes plus étroites sont peut-être les jarretelles de la déesse Kâli.

Dès dix heures du matin, la petite salle se remplit d’un public privilégié. Savants et snobs, belles-madames en toilettes matutinales, qui ne ratent pas un sermon de carême quand il est à la mode et qui ne sauraient manquer sans déshonneur une cérémonie aussi rare, au musée Guimet, se disputent les places. Ils et elles entrent, tenant en la dextre la fleur qui leur fut distribuée dès l’entrée du temple et qui devra être jetée tout à l’heure sur l’autel. Tout ce monde n’est nullement respectueux de la sainteté passa-